Pourquoi je ne participerai pas au Black Friday?

Se déroulant le 24 novembre 2017, le Black Friday est aussi connu comme le Vendredi fou ou Vendredi noir. Occasion idéale de magasiner en évitant quelques maux à ton budget étudiant, c’est aussi une journée où le consumérisme est à son apogée et cela suscite la controverse…

  • Vendredi fou, kesako ?

Lors du quatrième jeudi du mois de novembre, les Américains célèbrent Thanksgiving aka l’Action de Grâce au Canada. Le lendemain, un vendredi, les commerçants profitent du jour de congé permis par la fête religieuse pour lancer la course aux achats de Noël. Cette journée est ainsi marquée par de gros rabais généreusement proposés par toutes les enseignes.

Nota bene : si le mot « rabais » ne t’est pas encore familier, voici rien que pour toi de quoi familiariser de façon expresse avec le vocabulaire québécois !

La terminologie « Black Friday » apparaît pour l’une des premières fois dans les pages du New York Times en novembre 1975. Mais concrètement, le phénomène de magasinage planétaire n’explose qu’au cours des années 2000 grâce au boum de l’Internet mondial. ? Aujourd’hui, la date est attendue dans tout plein de pays du Monde, les soldes commencent dès 00h01 et se prolongent parfois jusqu’au lundi suivant. En boutique, les clients semblent trouver cohérent de faire une file de plusieurs heures tandis qu’en ligne, certains experts préparent, au cours des jours précédents les onglets à rafraîchir au bon moment…

  • Vendredi fou, l’irrationnel

A l’occasion d’une petite balade sur les réseaux sociaux, tu as certainement dû visualiser certaines images de frénésie absolue où les gens se lancent dans les rayons, carte bancaire dans la main droite et liste dans la gauche. Si ces scènes (à peine) caricaturées dans les films peuvent faire sourire, il y a quand même une perte de rationalité frappante dans ce comportement.

Certes, il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir consommer local et éthique à tous les jours. Pourtant, on peut quand même avoir une réflexion face à ce comportement quasi hypnotisé du client attiré par des étiquettes rouges…

Regarde, 50,9 milliards de dollars ont été dépensés par 154 millions d’acheteurs américains en 2014. En comparaison, c’est tout autant que le montant des dégâts occasionnés par le cyclone Béjisa, à la Réunion, la même année. Face à ces données, j’ai envie de t’évoquer Peter Singer et son ouvrage Questions d’éthique pratique. En gros, il assimile la responsabilité de tuer à celle de ne pas réagir face à une situation injuste alors qu’on en a les moyens. Pour ça, pas besoin d’être PDG et de dormir sur des lingots, il s’agit de faire don de son temps ou argent, dès qu’on s’aperçoit qu’on vit au-dessus de nos simples besoins vitaux. Il y a évidemment sujet à débat ici et sa théorie est expliquée très schématiquement… toutefois, des études prouvent que les consommateurs se retiendraient de participer à cette fête du consumérisme en prenant conscience de cette dimension éthique lors du Black Friday.

Remémorons-nous l’effondrement d’une manufacture de vêtements au Bangladesh en 2013 causant le décès de plus de mille ouvriers. La chute du Rana Plaza a participé à lever le voile sur les conditions insalubres et dangereuses des travailleurs, c’est aujourd’hui devenu l’un des symboles des abus de la fast-fashion. En se penchant un peu sur les conditions et antécédents liés à l’industrie de production, ces chandails bradés sont-ils toujours aussi indispensables à nos armoires ?

  • Vendredi fou, le boycotté

L’intention n’est pas ici de jouer sur le pathos, parce que des arguments pragmatiques pour boycotter ce Vendredi noir, il y en a à foison.

Si tu es un UdeMien organisé dans tes dépenses, tu t’apercevras assez vite de la perfidie des enseignes : proposant des rabais identiques à ceux des mois passés, ayant augmenté le prix avant de pouvoir appliquer une jolie étiquette décorée d’un gros pourcentage de solde… Non môsieur, il n’y aucune théorie conspirationniste ici. Il est rationnel pour le vendeur de profiter des aubaines pour faire gonfler son chiffre d’affaire et pour cela, les moyens utilisés ne sont pas nécessairement les plus altruistes !

En plus de ça, l’une des versions expliquant les origines de cette fabuleuse journée d’achats nous pousse à explorer les rayons de la BLSH plutôt que ceux du Centre Eaton. Historiquement, cette journée aurait été dédiée à la vente sur des marchés d’esclaves noirs non désirés par les propriétaires blancs. Oui môsieur, une journée de « renouvellement de stocks » d’humains exploités notamment dans les plantations.

Voilà plusieurs raisons nous poussant à boycotter les joyeusetés du Vendredi fou. Si tu décides de ne pas magasiner, tu ne seras pas seul à l’uni. Déjà, parce que parmi les ONG dénonçant les impacts environnementaux liés aux évènements comme celui de demain, Greenpeace lance une contre-journée bien plus fun, contre le supra-consumérisme. Puis plusieurs initiatives alternatives voient le jour. Par exemple la marque européenne de vêtements durables Loom lutte contre les achats frénétiques. C’est pourquoi demain, site et boutique seront fermés.

Si vraiment tu as besoin de te vêtir, pourquoi ne pas t’intéresser aux marques s’engageant pour redistribuer leurs bénéfices du jour à des causes légitimes et favorables à un autre type de consommation. En 2016, les clients de la marque Patagonia ont ainsi investi indirectement dans un projet pour l’environnement…

Sur ce, rendez-vous à la BLSH #????? (ouverte 24/24 en fin de session!)

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