Suivre un cours d’été – partie 1

Encore de l’école? Et pourquoi pas? Si la vie m’a appris quelque chose, c’est qu’il n’y a ni de mauvais lieu, ni de mauvais moment pour apprendre. Et de toute façon, ça donne une bonne raison pour ne pas aller au travail…

« Mais quelle mouche t’a piqué !? », m’entendis-je dire en mon for intérieur. Tu viens de passer huit mois à t’écorcher le cerveau, à t’abîmer les yeux et à t’arracher les cheveux qu’il te reste, et tu veux continuer ? J’ai travaillé, sué, prié, mordu la poussière et mes doigts, procrastiné, mangé mal, dormi peu ; et maintenant, on me refuse mes vacances !?

« Mon for intérieur appelle ça du sadisme. Moi, j’appelle ça un cours d’été. »

Les cours d’été, c’est accepter de souffrir encore deux mois supplémentaires. C’est se plier à nouveau à la tâche, ré-apprendre à lire et à écrire, recommencer à faire fonctionner la mémoire. C’est avoir de nouvelles crampes à la main, de nouvelles brûlures d’estomac dues au café et voir nos cernes réapparaître. Les cours d’été, c’est une fois de plus faire face aux échéanciers et à la procrastination. C’est des soirées qu’on perd à rester seul, sans amis ni attache, seul dans sa chambre ou, pire, à la bibliothèque. C’est enfermer l’enfant en soi et obliger l’adulte à être sérieux. Enfin, les cours d’été, c’est dire adieu à la cagnotte qu’on aurait pu amasser pour partir à Barcelone ou à Punta Cana.

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Eh oui, j’ai hésité durant de longues semaines, pesé les pour et les contre. J’en ai parfois fait de l’insomnie, mais je suis parvenu à une décision ferme : je vais suivre un cours d’été. Ces fameux cours obscurs et méconnus, cette fameuse période où on se demande si l’université est réellement ouverte.

Tout a commencé dans un bar (non pas que je sorte beaucoup, ce serait mal vu, mais disons que j’ai dû me retrouver au mauvais endroit au mauvais moment). La personne avec qui je discutais était, comme moi, préoccupée un brin par les enjeux à propos des premières nations. Je ne veux pas en faire aujourd’hui un sujet de polémique, mais n’empêche que ce soir-là, nous en sommes arrivés à déceler une certaine ironie : n’est-ce pas paradoxal d’être deux étudiants en études internationales, d’apprendre des dizaines de langues étrangères, mais de ne connaître aucun mot d’une langue bien d’ici ? Un étudiant qui passait par là (lui aussi a dû se trouver au mauvais endroit au mauvais moment) m’apprit par la bande qu’il existait pourtant des cours d’innu* à l’université.

« En tout cas, moi j’ai déjà participé à un combat de chevalier avec des épées en mousse. »

Ni d’une ni de deux, je pris ma décision le soir même. Je pensais déjà depuis quelques jours à faire des cours d’été, simplement pour le plaisir (oui oui, vous avez bien lu). Quelqu’un qui vous annonce qu’il ou elle fera des cours d’été, c’est un peu comme si elle vous disait qu’elle allait participer à une grandeur nature médiévale : on sait que ça existe, mais on n’avait jamais eu la confirmation de cette existence… En tout cas, moi j’ai déjà participé à un combat de chevalier avec des épées en mousse.

Mais jamais à un cours d’été ! Parfois, on pense que ce sont les paresseux qui en prennent ; ils veulent alléger leur session. Sinon, on se dit que ce sont les crinqués qui — comment disiez-vous déjà ? — en font pour le plaisir.

Peu importe, je crois simplement que les cours d’été, s’ils sont là, c’est pour qu’on les prenne. Et puis, à quoi bon être en vacances si c’est pour travailler 50 heures par semaine ? Au moins, maintenant, j’ai une excuse pour prendre congé : « désolé, boss, mais j’ai pris un cours super important cet été. Et il se donne les vendredi soirs… »

Bonne idée ou pas, cours d’été me voici !

*Note pour l’étudiant.e aguerri.e : l’innu est la langue parlée par les Montagnais et les Naskapis. Rien a voir avec les Inuits, qui eux parlent l’inuktituk (au Québec), l’inupiaq (Alaska), l’inuktun (nord-ouest canadien) ou le groenlandais (vous savez où ils devraient se trouver).

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