La vie d’un étudiant international depuis Montréal

« Toujours confinés, on voudrait voir dehors! »

C’est fou ce qu’ils sont passés vite, ces trois derniers mois. Aussi rapides que spéciaux, je peux aujourd’hui affirmer qu’ils ont surtout eu une saveur inhabituelle, singulière et jamais vue auparavant dans ma courte vie. Fin de session, déménagement, retour chez cette belle France annulé, confinement et déconfinement, session d’été. Sans tomber dans les abysses d’un énième journal du confiné, j’ai décidé de vous parler de la façon dont ma vie d’étudiant international a été bouleversée par cette pandémie. Loin de chez moi, de mes proches, et pourtant si près. Sans être tout à fait comme les autres étudiant[e]s, les internationaux[ales] font partie de cette masse d’individus touchés par les angoisses sanitaires et la frénésie du papier de toilette. Avec Liv, qui a vécu une expérience différente, je vous propose d’entrer dans nos vies autour des évènements clés de ces trois derniers mois.

@Capdfrawy (Unsplash)

Vendredi 13 mars, mauvais présage

Je me souviens bien, j’étais en formation avec l’équipe d’ambassadeur[rice]s pour préparer les visites guidées de la semaine de la rentrée, cet automne. Entre calembours bien placés et un peu de sérieux pour retenir le sinueux parcours qui nous mène d’un bout à l’autre du campus de la montagne, j’étais loin de me dire que ce lundi, je ne me rendrais pas à mon cours d’économie politique. Le message est tombé la veille, je n’y ai pas vraiment prêté attention. Normalement – c’est le cas de le dire – mes journées sont très remplies et je ne prends pas toujours le temps de digérer les nouvelles. Telle la chocolaterie de Willy Wonka, l’Université de Montréal ferme ses portes pour une durée indéterminée.

Cette annonce est le début d’une longue période de réflexion. Rentrer au pays et être près de ses proches ou affronter la pandémie à distance. Depuis Montréal, loin de tout, mais connecté à tous ? Mon esprit ne fait qu’un tour : le Québec endiguera cette gripette en quelques semaines, et la vie reprendra pour la session d’été. Mauvaise pioche… Nous y sommes encore. Lot de consolation : la France aussi (hehe).

Anastasiia  Chepinska (Unsplash)

Reprise des cours et adaptation de la vie

S’en suivent de longues semaines de reprise des cours, en ligne. À chacun sa plateforme et son festival de créativité pour trouver la meilleure façon de transmettre un savoir que peu d’étudiants éprouvent l’envie d’intégrer à cette époque. Beaucoup de mes amis français rentrent au pays. Montréal me semble devenir une ville fantôme, car ces amis sont des repères qui nourrissent ma vie d’icitte. Ceux qui sont toujours sur place restent inaccessibles pour respecter les mesures barrières. Retour de la réflexion. Retour de la réponse : je reste.

Ma façon de faire face à cette situation, c’est de m’occuper. Là encore, il a fallu redoubler de créativité pour s’occuper ou trouver la motivation d’étudier cet été. Je savais, à cette époque, que se motiver allait être une façon de rester vivant dans une période qui nous clouait à la maison. Rester vivant en prenant des nouvelles de mes proches, en préparant un déménagement qui contre toutes attentes, s’est bien déroulé, en « rêvant d’un été français » comme le chante le groupe Indochine. Chaque parcelle de ce qui nous raccroche à ce que certains ont tendance à appeler le « monde d’avant » m’a permis de réussir la fin de session d’hiver la plus exceptionnelle de l’histoire (ce n’est pas moi qui le dis, mais l’ancien recteur, Guy Breton !) et d’entrer dans une session d’été muni d’outils et fort d’un état d’esprit qui ferait trembler la COVID-19.

Un retour à la maison pour d’autres

Pour sa part, Liv a pris la tangente : elle est rentrée en France dès l’annonce des premières mesures. Elle me confie que replonger dans les cours fût difficile, mais que la motivation lui a permis de s’en sortir.

« Finalement, j’ai vraiment apprécié mon confinement et il est arrivé à point nommé dans mon cursus universitaire. Je commençais à être fatiguée, et je pense que j’avais besoin de temps off. J’ai étudié pour  mes finaux sur la terrasse de la maison familiale. Puis développé ma propre recette de latte glacé à la vanille ».

Déconfinement

Aujourd’hui, on est le 7 juin. Trois mois se sont écoulés et une foultitude d’évènements se sont produits avant que ne commencent à rouvrir les premiers commerces. Ma grande impatience, c’est évidemment la réouverture des restaurants montréalais que j’aime fréquenter. Peut-être un jour te ferai-je un article dessus. Mes amis du Blumenthal offrent la livraison et le service à emporter et, pour l’instant, c’est mieux que rien ! On peut de nouveau sortir un peu plus librement et difficile de nier que masks are the next fashion.

« Masks are the next fashion », je prends ma part !

Liv l’affirme, et elle a bien raison. 

« Petit à petit la vie a repris son cours, et maintenant on dirait presque qu’il ne s’est rien passé ».

Bref, cette pandémie est passée comme une lettre à la poste. Mais Postes Canada hein, donc avec un peu de délai.

Je prévois de faire mon été à Montréal. C’était loin d’être l’idée de départ. Alors que mon week-end romantique à Amsterdam n’a jamais été aussi loin, je me dis que cette bonne vieille COVID n’aura au moins pas fait disparaître mon amour pour cette ville canadienne qui m’a adopté il y a aujourd’hui (tout pile !) deux ans. Les étudiantes et étudiants internationaux ont fait preuve d’une résilience sans précédent pour passer au travers de cette situation inédite. Ils ont fait bloc, plus durs que le rideau de fer, et plus convaincus d’une belle issue que l’espérance elle-même. Selon Liv, nous aurons donc droit à « un été un peu spécial certes, mais dont nous pourrons quand même profiter ». Je seconde. En vivant la même situation, sans tout à fait l’expérimenter de la même façon, je peux le réitérer encore une fois, qu’ils sont passés vite ces trois mois. La suite en direct.

T’en penses quoi?

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *