Guide de découvertes urbaines Tio’tià:ke

Kwe, kuei, bonjour, hi!

Puisque ceci est un billet de blogue, les lectrices[teurs] se retrouvent à différents endroits du Québec, ou peut-être même à l’extérieur de la province. Pour ceux et celles qui sont ici, au Québec, peu importe où vous vous trouvez aujourd’hui, il est important de souligner que nous nous retrouvons tous et toutes en territoire autochtone.  Je tiens à reconnaître que l’Université de Montréal est située sur des terres où différents Peuples autochtones ont interagi les uns avec les autres.

De plus, je voudrais reconnaitre et saluer les gardiens et gardiennes du territoire sur lequel l’Université de Montréal se trouve, les membres de la nation kanien:keha’ka (mohawk).  Je veux exprimer mon respect envers les anciens et les anciennes du passé, du présent et ceux du futur, et reconnais la contribution des Peuples autochtones à la culture des sociétés autour du monde.

Au début de l’été, j’ai entrepris avec Samuel Rainville, coordonnateur du Centre étudiant des Premiers Peuples et membre de la nation innue, la préparation de l’activité Bienvenue en territoire autochtone! qui a eu lieu le 31 août dernier. Notre but était le suivant : faire découvrir notre ville à travers une perspective culturelle différente : celle des peuples autochtones qui l’habitent. Ce faisant, nous désirions encourager les participant[e]s à aller à la rencontre des Premiers Peuples, et ainsi les outiller pour entamer une démarche de rapprochement et de réconciliation avec ceux-ci. 

J’ai donc le plaisir (et l’immense honneur) de vous présenter notre Guide de découvertes urbaines | Tio’tià:ke (prononcé « djo-dja-gué »)! Dans les mots de Samuel : vous pouvez trouver les cultures autochtones partout autour de vous, suffit de savoir où regarder.

 

Les lieux à découvrir à Tio’tià :ke :

Tio’tià:ke, le nom donné par la nation kanien:keha’ka à notre île, signifie « là où le groupe se scinde et emprunte des chemins différents ». 

La ville de Montréal regorge de lieux permettant la rencontre avec les Premiers Peuples : à vous de les découvrir! 

On trouve une présence autochtone dans toutes les grandes institutions muséales de la ville, dont le Musée McCord et le Musée des beaux-arts. Cette offre s’articule à travers leurs collections permanentes comme leurs expositions temporaires. Le Musée d’art contemporain fait également sa part pour exposer des artistes autochtones plus fréquemment. L’œuvre de Rebecca Belmore, une artiste visuelle et de performance anishinabée, a notamment été exposée en 2019. Samuel a un faible pour le Jardin des Pemières Nations du Jardin Botanique. Un des seuls endroits à Montréal où il est possible de faire des feux sacrés!

Le Jardin des Premières Nations au Jardin botanique

Mon coup de cœur personnel : le Centre d’artistes Daphné. Qu’est-ce que c’est ? Un centre d’art autogéré voué à la promotion d’artistes autochtones. Il y a bien sûr des expositions et des résidences d’artistes, mais également des ateliers où tous et toutes sont invité[e]s. En ce moment, Daphné offre d’ailleurs des ateliers de perlage et de discussion à chaque semaine, en ligne pour l’instant! Dans le même ordre d’idée, l’Espace Ashukan propose une vitrine sur le travail d’artistes et d’artisans autochtones. C’est une adresse incontournable du Vieux-Port de Montréal. 

Tout ça est sans compter les nombreuses fresques autochtones à découvrir sur les murs de la ville! 

« Hommage à Alanis Obomsawin », Meky Ottawa

Découvrir les cultures autochtones! 

Les Québécois[es] sont particulièrement bien placé[e]s pour comprendre l’importance de la langue. Si nous insistons pour nous faire saluer en français par la caissière du dépanneur, il me semble tout indiqué d’apprendre quelques mots de la langue de la nation la plus proche de nous : la langue kanien’keha. 

Pour ce faire, Montréal autochtone offre des cours de diverses langues autochtones, ainsi que des ateliers et des programmes en rapport aux cultures des Premiers Peuples. Priorité aux membres autochtones, mais les allochtones (désigne les personnes qui ne sont pas autochtones) peuvent s’y inscrire aussi! Des cours d’innu sont également offerts à l’UdeM.

La culture, c’est aussi le cinéma! L’organisme Wapikoni Mobile souhaite donner aux jeunes autochtones une voix grâce à des ateliers ambulants de cinématographie qui vont de communauté en communauté. Sur leur site, ou bien sur leur plateforme musicale Nikamowin, vous trouverez une énorme collection de films et de musique créés par des personnes autochtones. Des heures de plaisir en perspective! Le site de l’Office Nationale du Film regorge aussi d’œuvres réalisées par des cinéastes autochtones. 

Joséphine Bacon

Nos suggestions personnelles : le film Beans, la poésie de Joséphine Bacon, le livre Mononk Jules de Jocelyn Sioui et la musique de l’artiste musical Matiu.

Quelques évènements à surveiller

Chaque été depuis 1990, le Festival Présence Autochtone transforme la ville en lieu de rencontre entre les Peuples autochtones et les allochtones! L’événement se veut également un point de rencontre entre les différentes cultures autochtones à travers les Amériques. Le festival réunit, entre autres, des artistes provenant des nations innue, kanien:keha’ka (mohawk), atikamekw et huronne-wendat.​ On y présente des films, des concerts, des parades et des lancements de livre. Notez ça à vos agendas!

À tous les deux ans, a lieu la Biennale d’art contemporain autochtone, un évènement mettant en vedette le travail d’artistes autochtones. La prochaine édition aura lieu en 2022. 

À surveiller également chaque été : la route des Pow wow! Près de Montréal, il y a notamment le Pow wow de Kahnawà:ke, qui réunit danse, musique, arts, artisanats et nourriture. 

Pow wow de Kahnawà:ke

Aller à la rencontre des Premiers Peuples à travers la nourriture

Le moyen le plus accessible et agréable de faire de nouvelles découvertes culturelles : la nourriture! 

Le Café de la Maison Ronde, situé au Square Cabot, engage chaque été des personnes autochtones en situation d’itinérance. On y sert bien évidemment des plats autochtones comme de la banique, mais aussi des tacos et des pogos autochtones. À découvrir! Il y a aussi la compagnie de traiteur Miqmak Catering Indigenous Kitchen qui fait de la cuisine miqmak dans la région de Montréal.

Une banique

Kaienthokwen – ça veut dire la récolte en kanien’keha – est une boutique qui vend des aliments provenant de compagnies autochtones. La création du magasin par Kahtehrón:ni Stacey – la gardienne de la langue kanien’keha à l’UdeM! – s’inscrit dans un processus visant la souveraineté alimentaire autochtone. Allez donc y faire un tour! 

Pour les plus casaniers[ières], pourquoi ne pas tenter de cuisiner une banique? Dorothée Picard, la mère de Samuel, nous a très généreusement partagé sa recette familiale. À vos fourneaux! La voici :

Ingrédients :

  • 2 tasses de farine
  • 1 tasse d’eau
  • 1 cuillère à soupe de poudre à pâte
  • Un peu de sel

Préparation :

  • Mélanger la farine, la poudre à pâte et le sel dans un bol.
  • Tasser la farine autour en faisant un trou.
  • Mélanger graduellement l’eau et la farine dans le trou.
  • Faire une boule.
  • Pétri un peu. Pas trop longtemps pour ne pas faire durcir la boule.
  • Cuire au four environ 30 min à 350 degrés F. 

Montréal, métropole de la réconciliation

Depuis quelques années, la ville de Montréal est engagée dans un processus de réconciliation avec les Peuples autochtones. Cet engagement se manifeste par plusieurs gestes concrets. 

Avant toute chose, qu’est-ce que la réconciliation? La réconciliation, c’est une reconnaissance sincère de l’injustice et des torts causés aux Autochtones, de même que du besoin de poursuivre la guérison. C’est un véritable engagement à établir de nouvelles relations reposant sur la reconnaissance et le respect mutuels qui prépareront un avenir meilleur. 

Au niveau individuel, chaque geste compte! Voici quelques exemples pour débuter votre propre démarche : 

  • Visiter un centre d’amitiés autochtones ;
  • Aller voir une exposition d’art autochtone ;
  • Assister à un pow-wow ; 
  • Partager l’actualité en lien avec les Premiers Peuples ;
  • Encourager la littérature et la musique autochtone. 

Ça tombe bien, on vous a fourni plein de bonnes adresses pour faire tout ça! 

Au niveau collectif, la Ville de Montréal a mis en place de nombreuses initiatives pour mettre en marche la réconciliation : l’inclusion du symbole du pin blanc – très important dans les cultures autochtones – au drapeau de la ville, ainsi que le changement du nom de la rue Amherst vers la rue Atateken (prononcé « a-da-dé-guen »), qui signifie « frères et sœurs » ou « groupe de personnes ou de nations avec qui l’on partage des valeurs » en langue mohawk/kenien’keha. 

Des symboles de cette réconciliation peuvent être observés aux quatre coins de la ville. Du belvédère Kondiaronk – nommé en l’honneur du traité de la Grande paix de Montréal, signé le 4 août 1701 mettant fin aux conflits opposant les colonisateurs français, les cinq nations de la ligue iroquoise et les nations des grands lacs – au parc Tioh’tià:ke Otsira’kène, tout près du campus de la montagne. 

Pour en apprendre plus sur le plan de réconciliation de la ville de Montréal, voici le lien de son dévoilement!

Le belvédère Kondiaronk

Autochtoniser l’UdeM

L’Université de Montréal travaille depuis quelques années pour construire et reconstruire des relations respectueuses et réciproques avec les communautés autochtones qui nous entourent. Dans les dernières années, alors que les mouvements de lutte et de résurgence des peuples autochtones prennent de plus en plus de place dans la sphère publique, l’université souhaite mettre les bouchées doubles dans le but d’enclencher un processus de réconciliation.

C’est donc dans cette optique que s’inscrit la création de l’activité Bienvenue en territoire autochtone!, mais aussi la mise en place du Plan d’action Place aux Premiers Peuples. À travers celui-ci, l’Université de Montréal souhaite réitérer son engagement dans ce processus et laisser la place aux voix des personnes autochtones.

Des étudiant[e]s au salon Uatik, l’espace réservé aux étudiant[e]s autochtones à l’UdeM

On retrouve donc à l’UdeM une riche programmation autochtone. Activités pour se rapprocher des Premiers Peuples (films, randonnées, ateliers), atelier de leadership « Mettre en action la réconciliation avec les Premiers Peuples », journée des chandails oranges (tenue le 30 septembre lors de la journée nationale de la vérité et de la réconciliation), la semaine de sensibilisation aux réalités autochtones MITIG. Tout ça est à surveiller via le Calendrier de la vie étudiante!

J’espère surtout avoir piqué votre curiosité et que ce n’est que le début de votre démarche d’apprentissage sur les cultures autochtones. C’est à votre tour de vous engager dans un processus de rapprochement avec les Nations autochtones et ce ne sont pas les opportunités qui manquent à Montréal. Place aux Premiers Peuples !

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