Combat des quartiers : Le Mile-End, un amour véritable

Le Mile-End est sans doute l’un des quartiers montréalais que j’ai pris le plus de temps à explorer. Sa singularité consiste en une histoire fascinante, un côté artistique et des offres sensorielles hors du commun. 

Plus tôt, mes merveilleux[euses] collègues ambassadeur[rice]s ont défendu éloquemment leur quartier de prédilection à Montréal. Je m’accorde pleinement avec leurs témoignages tout à fait justes et affectueux. J’avoue adorer certains de leurs choix.  

En tant que personne sensible et artistiquement inclinée, je suis constamment en quête de ce qui est personnel et émotionnel dans le vécu et dans la représentation de celui-ci. Un lieu est chargé de significations pour chacun[e], parce qu’on y tisse des liens affectifs avec nos parents, ami[e]s et amours. 

Mon travail ici est de partager avec toi une petite partie du charme du Mile-End. Dans son long-métrage de 2010, Xavier Dolan mettait en scène des amours imaginaires, même obsessionnels, qui ont précisément lieu dans le Mile-End. Toutefois, je te promets que le quartier en question ne sera pas simplement une infatuation pour toi. Il sera un amour véritable. 

Le Mile-End historique 

Le Mile-End jouit d’un statut particulier parmi les quartiers de Montréal, notamment pour son âme alternative et novatrice. Officiellement, il est l’un des quartiers constituant l’arrondissement du Plateau Mont-Royal. Par contre, les montréalais[e]s considèrent habituellement le Mile-End et le Plateau comme étant distincts. 

Le nom « Mile-End », manifestement « bout d’un mille » en anglais, trouve sa première mention en 1810. Il a figuré sur le bail visant la location d’une terre, conclu entre un propriétaire d’origine britannique, John Clark, et Phineas et Stanley Bagg, père et fils. Ce nom a probablement été l’œuvre de Clark. L’immigrant anglais s’est inspiré du Mile-End londonien, un hameau situé à un mille des fortifications de la capitale britannique à l’époque médiévale. Les Bagg ont tenu sur cette terre l’auberge « Mile End Tavern ». Elle se trouvait au carrefour du boulevard Saint-Laurent et de l’actuelle avenue du Mont-Royal, à un mille de la rue Sherbrooke. Les environs marquaient la limite nord de l’urbanisation montréalaise d’autrefois. 

Le quartier young and hip qu’on connaît aujourd’hui comme le Mile-End était une campagne ouverte à l’époque des Bagg. Au cours du temps, la zone en question a vécu des transformations radicales. L’arrivée du chemin de fer Québec, Montréal, Ottawa & Occidental en 1876, ainsi que l’introduction du tramway électrique en 1893 ont grandement contribué à son urbanisation. Pour bien t’aider à situer le Mile-End de nos jours sur la carte, j’ai demandé un coup de pouce à Google Maps . Le quartier est délimité par la rue Hutchison à l’ouest, l’avenue Henri-Julien et la rue de Bullion à l’est, l’avenue Van Horne au nord et l’avenue du Mont-Royal au sud. 

Le quartier du Mile-End de nos jours

Le Mile-End artistique 

Depuis les années 1980, le Mile-End peut se vanter d’une concentration très élevée d’artistes. Le wunderkind du cinéma québécois, Xavier Dolan, y réside et en tire inspiration pour son art. Son deuxième long-métrage Les amours imaginaires (2010) met en scène un ménage à trois ayant lieu dans le quartier du Mile-End. Marie (interprétée par Monia Chokri) et Francis (interprété par Dolan lui-même) se trouvent épri[e]s du même garçon, Nicolas (interprété par Niels Schneider). Les deux meilleur[e]s ami[e]s se battent subtilement et jalousement pour l’attention du dernier. Dans une des séquences les plus emblématiques du film, Marie et Francis marchent dans les rues du Mile-End pour se rendre à un rendez-vous avec Nicolas. Leur état d’esprit est malicieusement souligné par des images au ralenti ainsi que par la sensuelle et mélancolique interprétation de la chanson Bang Bang par Dalida. 

Le réalisateur de J’ai tué ma mère n’est évidemment pas le seul résidant célèbre du Mile-End. Si tu es passionné[e] du rock indépendant, tu as probablement déjà entendu un morceau des Arcade Fire. Ce groupe musical s’est formé en 2001 et a connu ses débuts dans le Mile-End. Il est devenu, dix ans plus tard, un groupe de renom à l’international, surtout à la suite de l’obtention d’un Grammy Award de l’album de l’année, pour The Suburbs en 2011. À part des cinéastes et des musicien[e]s, le quartier est aussi peuplé par des acteur[rice]s, des écrivain[e]s et d’autres artistes. Ici, j’ai simplement jeté les bases pour tes futures découvertes. 

Le Mile-End sensoriel 

Si j’étais le régisseur général pour la prochaine comédie romantique avec Julia Roberts, post-Notting Hill-Rome-et-Bali, le Mile-End serait à la tête de ma liste de repérage. Ce qui rend le quartier distinct est une concentration très élevée de cafés et de restaurants empreints de personnalité. Celle-ci se reflète soit dans leurs choix esthétiques soit dans leurs recherches sensorielles. On est bien en accord, la magie des choses se trouve dans le soin des détails. 

Quand on parle du Mile-End, ce serait un délit d’en omettre ses bagels. Les immigrant[e]s juif[ve]s d’Europe de l’Est ont marqué, au cours du dernier siècle, non seulement la mosaïque démographique de Montréal, mais aussi le paysage culinaire de la ville avec leurs bagels et leur smoked meat. Pour certain[e]s, le petit pain montréalais serait bien supérieur au bagel de style new-yorkais. Dans le Mile-End, tu en trouveras dans ces deux institutions absolues : St-Viateur Bagel et Fairmount Bagel. 

Au-delà des bagels, le quartier a bien d’autres atouts pour t’impressionner. Un aficionado de café comme moi te conseillerait le Toi, Moi & Café, sur Laurier Ouest et le Café Olimpico, sur Saint-Viateur Ouest. Ils sont tous les deux peer-reviewed, tu es donc entre de bonnes mains! Il y a aussi plusieurs d’excellents cafés-restos. Pour en nommer quelques-uns : Le Butterblume, sur Saint-Laurent, le Bar Henrietta, sur Laurier Ouest et le Beauty’s, sur Mont-Royal Ouest. Tu me diras si je t’ai donné des conseils de pro! 

Le Mile-End de qui le vit 

La valeur d’un lieu est reliée surtout à tes rapports intimes avec celui-ci, aux instants que tu y passes, aux histoires que tu y écris. Pour moi, le Mile-End c’est des longues files devant les glaceries lors d’une soirée estivale, une balade avec des ami[e]s le long du boul. Saint-Laurent, une pizza partagée avec ma date chez No.900 sur Bernard et, j’espère, beaucoup d’autres à venir. 

Comme moi, tu vas créer tes propres souvenirs du Mile-End. Je serais ravi si cet article peut te donner de nouvelles inspirations. Peu importe dans quel quartier montréalais tu choisis de t’installer finalement, je te souhaite de bien profiter du meilleur de ce que la ville a à t’offrir, dans tous ses coins les plus fascinants. Bienvenue et mets-toi à l’aise! 

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