Combat des quartiers : plaidoyer pour le Sud-Ouest

S’il y a du bon dans le confinement auquel nous avons été contraint[e]s au cours de la dernière année, c’est qu’il nous a permis de prendre conscience de l’influence que peut avoir l’environnement urbain sur notre vie. Alors que le Québec sort tranquillement de son état léthargique au rythme de la vaccination, les Roger ont tenu à rendre hommage à leurs quartiers respectifs qu’ils ont tranquillement adoptés à force de promenades impromptues entre deux cours en ligne. Au cours de l’été, les ambassadeurs et ambassadrices seront appelés à défendre farouchement leur milieu de vie dans une série d’articles intitulée le Combat des quartiers. Que tu sois en quête du quartier idéal où élire domicile ou que tu sois simplement curieux[se] d’en savoir plus sur le riche panorama urbain qu’offre Montréal, la lecture de cette série d’articles te comblera. Que le combat commence! Cœurs sensibles s’abstenir…

J’aimerais commencer cet article en reconnaissant que l’Université de Montréal est située là où, bien avant l’établissement des Français, différents peuples autochtones ont interagi les uns avec les autres. Nous souhaitons rendre hommage à ces peuples autochtones, à leurs descendants, ainsi qu’à l’esprit de fraternité qui a présidé à la signature en 1701 de la Grande Paix de Montréal, traité de paix fondateur de rapports pacifiques durables entre la France, ses alliés autochtones et la Confédération haudenosauni (prononciation : O-di-no-sho-ni). L’esprit de fraternité à l’origine de ce traité est un modèle pour notre communauté universitaire.

Montréal : 1,78 millions d’habitantes, 19 arrondissements, 68 stations de métro, 32 quartiers. Tiohtiá:ke, de son nom kanien’kehá:ka, est aussi diverse que ses habitant[e]s. D’est en ouest, du nord au sud, les quartiers de notre ville se succèdent les uns les autres dans une panoplie de modes de vie et de caractères propres à leurs frontières.

Le Sud-Ouest, la place que j’ai choisie

Si je n’ai rien contre Hochelaga et la Petite Italie (forza italia!), j’affirme avec amour et confiance que mon coin de ville est le meilleur d’entre tous. Ne cherche pas plus loin : le bonheur se trouve au Sud-Ouest !

Née à Saint-Henri et grandie à Pointe-Sainte-Charles, j’ai habité cet arrondissement toute ma vie. Ses rues ont été témoins de mes plus grandes œuvres d’art à la craie, de mes chutes en trottinette et de mon premier french. Ici règnent la joie de vivre, la résilience et le sens de la communauté. Quoi que mes collègues disent, je ne céderai jamais le morceau. Dans les mots de l’éternel Sir Patétik : « J’chill ici. J’meurs ici. It’s the place to be. [Le Sud-Ouest], c’est la place que j’ai choisie ».

 

La tour du Marché Atwater

 

Pour la petite histoire

Avant d’être intégrés à la ville de Montréal, les quartiers composant l’arrondissement du Sud-Ouest – Pointe-Saint-Charles, Côte-Saint-Paul, Ville-Émard, Saint-Henri et la Petite-Bourgogne – comptaient parmi les villages (français, évidemment : les nations autochtones habitant le territoire depuis des millénaires) les plus vieux de la région. Pointe-Saint-Charles porte même le badge du 2e plus vieux quartier de la ville! C’est d’ailleurs dans ce quartier, dans l’antre de la Maison Saint-Gabriel, que les filles du Roy furent accueillies en Nouvelle-France par Marguerite Bourgeoys. Aujourd’hui devenue musée, la Maison regorge d’étudiant[e]s en histoire habillées comme des colons (bonnet inclus) et capables de battre du beurre à la main tout en t’expliquant l’histoire de la ville.

Plus tard, les quartiers du Sud-Ouest accueillent les ouvriers d’abord chargés de construire le pont Victoria et le chemin de fer. Suite à la construction du Canal Lachine, le secteur devient pour un moment le centre industriel du Canada. Pointe-Saint-Charles accueille en grande partie les travailleurs anglophones, issus de l’immigration irlandaise. Saint-Henri se charge des Canayens-français et la Petite-Bourgogne, des travailleurs.es noirs. C’est d’ailleurs dans ce quartier, surnommé le « Harlem du Nord », que grandissent Oscar Peterson et Oliver Jones, deux géants de la scène jazz de Montréal.

Vestiges du passé

La population qui habite le Sud-Ouest, descendante des travailleurs d’usines d’antan, demeure encore aujourd’hui largement issue d’un milieu modeste, et ce, malgré l’envahissement de ses terrains par les tours à condo.

Ce n’est en ce sens pas surprenant que les initiatives d’autogestion se multiplient dans le secteur. À titre d’exemple, le Bâtiment 7, centre social autogéré à Pointe-Saint-Charles, voit le jour en 2018 suite à 15 ans de lutte acharnée des citoyennes du quartier pour freiner le développement immobilier sauvage. Dernièrement, le collectif À nous la Malting lutte contre les projets de condominiums dans l’emplacement de la défunte usine Canada Malting. Le projet vise à répondre aux nombreux besoins de Saint-Henri tout en luttant contre la gentrification, menace déjà marquée dans le quartier.

 

Pédalos et restos : tout pour être heureuse

Tu l’auras compris, une excellente vibe règne dans le Sud-Ouest. Plusieurs familles habitent les quartiers depuis des générations. On y ressent donc, quand on y vit depuis un petit moment, un réel sentiment de communauté et de solidarité. Ce n’est pas un hasard si, quand est venu le moment pour moi de déménager en appartement, je me suis installée à Saint-Henri, à seulement 20 minutes à pieds de la maison familiale.

En plus d’abriter d’innombrables familles, les quartiers du Sud-Ouest regorgent de restaurants, de cafés, de boulangeries et de petits magasins. On y trouve vraiment pour tous les goûts et toutes les occasions. Une petite fringale ? Viens dans Saint-Henri visiter le Marché Atwater, puis déguste ton repas sur le bord du Canal Lachine. Envie d’aiguiser ton palais? Fais le tour des nombreux restaurants de la rue Notre-Dame, dans Saint-Henri comme dans la Petite-Bourgogne. Mes coups de cœurs personnels : Satay BrothersSumac et le Joe Beef.

Envie de voir du pays ? Loue un pédalo en forme de cygne et navigue les eaux mouvementées ( 😉 ) du canal Lachine! Fan de cyclisme ? Longe le Saint-Laurent via la piste cyclable de Verdun! Besoin de caféine ? Rendez-vous au Café Bloom, rue Centre, ou alors au Mollo Café, sur Wellington.

 

Le Café Bloom, à Pointe-Saint-Charles (Photo: Pascal-Olivier)

 

Allez viens, on est bien ici

Idéalement situé à une quinzaine de minutes du centre-ville et à moins d’une demi-heure de l’Université de Montréal, le Sud-Ouest a vraiment tout pour plaire. Je me battrai, et ce jusqu’au sang et à la mort, pour défendre mon quartier dans la bataille des Roger. Ai-je vraiment, ceci dit, besoin d’aller jusqu’à la violence ? Les rues, par ici, parlent d’elles-mêmes. Viens donc faire un tour, tu oublieras tout de Villeray. 😉

 

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