Tempêtes et ouragans, ou la quête d’une santé mentale solide

Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler d’un sujet qui a été au goût du jour dernièrement, mais aussi particulièrement pertinent en cette période de pandémie : la santé mentale. Comme beaucoup d’étudiants internationaux, j’ai dû rentrer dans mon pays d’origine, laissant derrière moi tous les beaux projets de fin de bac’ que j’avais prévus à Montréal et au Québec en général. Ce retour brutal, ainsi que le contexte global de la pandémie, a créé beaucoup d’enjeux pour ma santé mentale. Voici un petit tour d’horizon des enseignements que j’ai pu en tirer !

Productivité, estime de soi… Enfin tu sais de quoi je parle

Lorsque j’ai mis les pieds au Québec pour la première fois, je me suis mise d’accord avec moi-même : je ne partais pas à 6000 kilomètres de chez moi pour compter les papillons. Je suis arrivée avec un projet d’études et un ensemble d’idéaux de développement personnel, académique et professionnel, et c’est ce qui m’a porté jusqu’à la dernière grosse session de mon baccalauréat.

Alors que faire lorsque tous mes plans sont tombés à l’eau, que je me suis retrouvée dans un avion pour la France, et que 48 heures plus tard, j’étais sur le canapé de la maison de campagne familiale ? En ces temps un peu trop calmes, j’ai réalisé que cela me donnait une occasion parfaite pour « m’arrêter ».

Lorsque j’ai eu le courage de me lever à cinq heures du matin pour contempler un lever de soleil...

J’en ai ainsi profité pour faire de l’introspection. Réfléchir à des projets personnels que je pourrais déployer par moi-même et de manière dématérialisée. Comment continuer à travailler tout en respectant les impératifs sanitaires. Il était temps de lire les livres achetés il y a des années et qui prenaient la poussière sur mon étagère, suivre des cours en ligne gratuits sur des sujets que j’avais toujours voulu étudier et réfléchir à mes projets futurs. Ainsi, c’est en m’enfermant dans une bulle entourée d’éléments qui à la fois me faisaient du bien et me stimulaient que j’ai réussi à garder le navire de ma santé mentale à flots. À la fin du confinement, celle-ci était meilleure qu’elle ne l’avait probablement jamais été dans ma vie.

Lorsque la bulle éclate

Un choc auquel je ne m’attendais vraiment pas a été celui du déconfinement. En France, la vie a graduellement repris son cours à partir du 11 mai, et autant dire que je n’étais pas du tout préparée à ce que cela impliquait.

Tout ce qui était en pause a repris, les responsabilités se sont décuplées, toutes les démarches administratives du retour au pays ont pointé le bout de leur nez, et en moins de trois jours, j’étais déjà submergée. Quel coup dur alors que j’avais cultivé une sérénité encore jamais vue pendant tout le confinement ! Sorties, interactions sociales (que ça soit avec le boulanger ou avec mes meilleurs amis), reprise des activités et réadaptation à la vie française… sont tous devenus des synonymes d’une anxiété paralysante.

Une de mes occupations a été de cultiver des tournesols. Une belle métaphore résumée par ce poème de Rupi Kaur : « despite knowing they won’t be here for long, they still choose to live their brightest lives ».

Trois semaines plus tard, j’ai réussi enfin à reprendre le dessus. Les to-do list et les cafés ont été mes compagnons de voyage. Puis tranquillement, j’ai appris à relativiser et à me ménager. C’est correct de ne pas réussir à faire tout ce que tu avais prévu : la clé est de hiérarchiser par ordre d’importance, comme ça au moins tu auras accompli le strict nécessaire.

Le fait de se donner du temps est souvent sous-estimé, mais cela fait toute la différence ; petit à petit mes journées étaient de moins en moins épuisantes, de plus en plus productives. Parfois je rechutais un peu, mais dans ces cas-là j’arrivais à me convaincre qu’une journée sur Netflix était probablement ce qu’il me fallait pour repartir ! Étape par étape, un jour après l’autre, mes journées ont commencé à avoir de l’allure. Mes projets se sont réimposés progressivement comme une force motrice qui me pousse à me lever chaque matin, et aujourd’hui, je me sens bien plus forte et épanouie qu’au matin du 11 mai.

J’ai volontairement écrit cet article de manière très personnelle. Je crois que nous avons tous eu notre propre façon de vivre la pandémie, le confinement et tous les défis rattachés. C’est dans cette optique que j’ai recueilli les témoignages de quelques-uns de mes ami[e]s ambassadeur[rice]s, qui ont vécu leurs propres défis, sûrement différents des miens.

Pour conclure, n’oublie pas de prendre du temps pour toi, et d’accepter que certaines choses ne sont malheureusement pas dans ton contrôle. D’autres idées et d’autres projets peuvent émerger de cette période inédite, ou pas. Tu as sûrement dû le lire un peu partout, mais ta valeur ne réside pas dans ta productivité ou dans ta capacité à faire constamment avancer des projets géniaux. Fais des choses que tu aimes et qui te font te sentir bien, comme du binge-watch 😉

Témoignage des ambassadeurs

Charlotte

De mon côté, le plus dur a été d’être loin d’un membre de ma famille qui a eu la COVID. Pendant 15 jours, tu as une boule de stress dans le ventre et le temps passe lentement. Il y a des bons jours, mais aussi des moins bons jours. Tu attends non-stop l’appel du médecin pour savoir si tout va bien aujourd’hui. Passer à travers ces 15 jours et continuer ses études s’avère une mission compliquée. Ce qui m’a le plus aidée, c’est d’avoir ma famille et mes amis pour me soutenir. Sans oublier d’avoir des profs compréhensifs et prêts à s’adapter à mon rythme.

Louis-Frédérik

Dû à l’isolement que procure le confinement, ma santé mentale s’est dégradée. J’ai hésité à demander de l’aide. Une chance qu’il existe, pour les étudiant[e]s de l’UdeM membres de la FAÉCUM, le programme d’aide en santé mentale. Des consultations avec un professionnel m’ont grandement aidé. Parler des difficultés rencontrées avec mes profs a également contribué à mon rétablissement. Maintenant, je me sens mieux !

Riccardo

On se dit parfois qu’il faut voyager et remplir son calendrier pour avoir un été réussi. Ce n’est pas faux. Mais avec le confinement qui perdure, il est vital de changer de cap dans ses projets et d’accepter le présent. Je crois que c’est une opportunité inouïe de faire de l’espace chez soi et d’y mettre de l’ordre. J’ai personnellement entrepris un grand ménage de ma chambre et de la maison familiale. Rendre ton espace de vie beau est un processus continuel qui vaut tellement les heures que tu y mettras.

Roxanne

Ce que j’ai trouvé le plus difficile durant la quarantaine? Ne pas pouvoir voir mes amis ni ma famille. En vrai, je suis ce qu’on peut appeler un « social butterfly ». Je me sens bien quand je suis entourée de mes proches. Seule, je trouve le temps long… Vraiment trop long ! Le truc que j’ai trouvé pour m’aider à passer le temps est d’aller marcher en nature. Avec la belle application AllTrails, je suis partie à la conquête de tous les sentiers perdus de ma ville! Ça m’a divertie en masse !

2 tranches de vie

  • Bonjour, une difficulté quand elle permet une introspection fait toujours grandir, ce qui est bienvenue. Concernant le titre de l’article, je le trouve pompeux au vu du contenu. Des tempêtes et des ouragans c’est bien plus violents que ce que vous décrivez. Ce sont ces éléments dévastateurs qui malheureusement font que vous êtes si proche de la ligne de non-retour, que ceux qui la franchissent ont peu de chance d’en revenir normal, un jour. La pandémie n’a ni été une tempête et encore moins un ouragan. Il a juste été un révélateur de fragilités déjà existantes et sur- exacerbées par des médias avides de sensationnel au détriments du respect de la personne, des sensibilités humaines variées. Cordialement.

    • Bonjour Siloa, merci de ton retour 🙂 Je pense que nous traversons chacun[e] des problématiques différentes et qu’elles ne nous touchent pas tous[tes] de la même façon. J’ai trouvé la métaphore imagée, et correspondant à mon propre ressenti. Il s’agissait surtout de montrer aux étudiant[e]s qu’ils[elles] ne sont pas seul[e]s face aux enjeux que la pandémie a pu créer sur nos santés mentales. Cet article se veut succint et respectueux de la vie privée des ambassadeur[rice]s ; je ne pense pas qu’on puisse invalider nos ressentis sur la seule base que le réçit n’est pas assez « catastrophique ». Je suis ravie si la pandémie n’a pas eu d’effets dévastateurs sur ta santé ! Passe une très belle journée 🙂

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