Faire face à l’échec scolaire en pleine pandémie

« What doesn’t kill you makes you stronger », comme dirait la plus influente philosophe du 21e siècle, Kelly Clarkson (toutes mes excuses à Friedrich Nietzsche). C’est la phrase que je me suis répétée en boucle, surtout à la blague (mais pas tant que ça, pour être très honnête), au cours de la fin de session d’hiver 2020. Mes plans d’été tombés à l’eau, confinée à mon appartement parce que je présentais des symptômes de la Covid-19 et essayant désespérément de terminer cinq travaux de 15 pages avant le 30 avril, j’ai dû me rendre à la pénible évidence : mes notes étaient vouées à la médiocrité.

Grande anxieuse constamment à la recherche de validation à travers la performance scolaire, tu peux t’imaginer que cette réalisation a été particulièrement horrifiante. Comment me définir, outre mes relatifs succès académiques? Mon identité venait-elle d’être anéantie à jamais? Survivrai-je à ce B?

Tu me diras que l’option de la notation succès/échec devrait me (et te) libérer de toute remise en question existentielle par rapport aux résultats scolaires. Évidemment, cette option nous permet à tous[tes] de ne pas nous inquiéter quant aux éventuelles conséquences d’un mauvais résultat sur notre cote de rendement. Or, l’envie d’exceller reste bien présente chez moi, comme chez plusieurs.

Contextualier et relativiser

« Kim, there’s people that are dying ». Voici la célèbre phrase que je cite aujourd’hui à la vue des résultats affichés sur Studium. Kourtney Kardashian avait raison : la note de mon travail de recherche sur le Kirghizistan est, sans aucun doute, la chose la plus insignifiante au monde en ce moment.

Le meilleur conseil que je peux te donner si, comme moi, tu as de la difficulté à lâcher prise, c’est de replacer ton échec dans un contexte plus large. Nous vivons présentement une situation planétaire inusitée et pas dans le bon sens du mot. On peut répéter « Ça va bien aller » autant que l’on veut et coller des arcs-en-ciel à toutes les fenêtres du Québec, mais la situation reste difficile à vivre. Il est tout à fait compréhensible que nos notes ne soient pas notre priorité en ce moment, ou même qu’on trouve difficile, voire impossible, de se concentrer.

J’ai un souvenir très vif d’un article scientifique de douze pages qui m’a pris trois interminables jours à lire, au tout début du mois d’avril. Comme toi, peut-être, ma concentration était loin d’être au rendez-vous dans les derniers mois et c’est tout à fait normal. Il ne sert à rien de se battre avec son cerveau dans des situations comme cela!

Ce qu’on a vécu, c’est difficile. C’est apeurant, même terrifiant. Il faut accepter la dure réalité. Une fois que cela est fait, il nous faut maintenant dealer avec cette injonction constante à la productivité et à la performance, qui n’a pas sa place dans cette situation. Quand l’envie me prend de m’arracher les cheveux face à ma mauvaise note d’examen, je me rappelle la chance que j’ai d’avoir une famille épargnée par le virus alors que d’autres ne peuvent pas en dire autant.

Apprendre à se valoriser autrement

Face à l’échec, il est important de se rappeler que nous sommes plus que nos accomplissements. Un A+, c’est certes bon pour l’estime, mais ça ne définit pas notre valeur en tant que personne. Dans ces moments où ton identité te semble chancelante, rappelle-toi que tu es plus qu’un relevé de notes, mais bien une personne à part entière qui mérite de la douceur et du respect. Concentre-toi sur tes qualités (dans mon cas : mon intensité et mon talent pour la confection de grilled-cheese) et oublie Synchro un instant.

En attendant un certain retour à la normale, je réclamerai fièrement la mention succès sur mon relevé de notes, consolée par ma capacité nouvelle à relativiser mon échec. Je passerai l’été, non à travailler 40h/semaine comme je l’avais prévu, mais à regarder mes plants d’oignons verts pousser au gré du soleil, tel un parent ébloui par les premiers pas de sa progéniture.

Je nous souhaite à tous[tes] d’accepter nos échecs pour ce qu’ils sont : une opportunité pour se rappeler ce qui est vraiment important dans la vie. Petit indice : ce n’est pas une cote Z de 4,3.

2 tranches de vie

  • Définir un B comme un échec est guère un message d’espoir et de solidarité pour le corps étudiant.

    • Salut Stephy,
      Mon intention n’était pas de définir un B (qui est, tu as raison, loin d’être une mauvaise note) comme un échec, mais plutôt comme un « échec » personnel. Je suis sincèrement désolée pour mes paroles ambiguës, surtout si elles ont pu blesser (ceci n’était pas du tout mon intention).
      Alexandre

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