La santé mentale et la vie universitaire

Santé mentale et vie universitaire. Un sujet qui touche tout le monde, mais qui peut parfois être difficile à aborder, pour plusieurs raisons. Les Roger ont discuté avec des étudiants et étudiantes qui voulaient partager avec toi leurs propres expériences pour lever le voile sur le sujet.

Je t’ai déjà parlé de ma propre expérience concernant l’anxiété et l’université. Je t’ai partagé mon propre coffre à outils et je t’ai parlé de la rentrée à l’université et de l’anxiété que ça peut amener. Aujourd’hui, je prends le temps d’aborder un peu plus en profondeur le sujet de la santé mentale et de l’université. Parce que c’est un sujet qui est malheureusement encore tabou, et parce que tout le monde a une santé mentale, de la même façon que tout le monde a une santé physique.

Université et diagnostique

J’ai demandé aux étudiants ce que ça représentait pour eux, de manière générale, la vie universitaire avec un trouble de santé mentale (trouble d’anxiété généralisé (TAG), trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou autre). Parce que ça peut amener des défis différents d’une personne à l’autre, voire avoir son « bon côté » d’une certaine façon.

Camille (nom fictif) trouve « [qu’à] l’université c’est plus vaste, t’as moins de contraintes spécifiques donc ça te permet de moins oublier [dans certains domaines]. » Ce qui est plus difficile pour elle, ce sont les cours théoriques, surtout quand le prof ne donne pas de pause : « Oui, dès que ça devient un cours théorique, oublie ça, j’suis partie, pis si j’ai pas mes amis avec moi, j’ai beaucoup de problèmes. Parce que j’commence à écrire, pis après j’suis comme : ‘ Merde, ça fait 20 minutes que j’écoute pu.’ Pis c’était une matière importante à l’examen. » Elle m’a aussi expliqué que combiné avec un TAG, c’est plus difficile de prendre de la médication pour le TDAH, parce que ça te fait « focuser » sur ce qui te stresse. Donc elle fait sans. Elle dit qu’elle est plus perdue, mais qu’elle préfère être plus perdue et moins stressée que l’inverse.

Pour Kevin (nom fictif), c’est une question d’organisation, et c’est important de « se parler ». Il explique que : « C’est vraiment plus de l’organisation qu’avant j’avais pas tant. J’ai réalisé cette année que j’avais un TAG, j’suis allé voir un médecin, j’suis allée consulter un psy pis toute. Pis ça m’a aidé à réaliser que [faut que] tu te parles, faut que tu planifies tes affaires à l’avance, pis que c’est plus facile d’affronter le stress quand tu sais c’est quoi. » Il explique aussi qu’il se connaît assez bien pour savoir qu’il ne peut pas se prendre à la dernière minute, parce que sinon, ça déclenche des crises d’anxiété. Il ajoute qu’à la longue, tu finis par savoir c’est quoi qui fait que ton « hamster part à spinner ».

Si tu ne sais pas trop à quoi ça peut ressembler, d’avoir un trouble d’anxiété généralisé, Kevin l’explique comme ça : « [T]out le monde est stressé, c’est juste que, quand tu te réveilles le matin, tu pars ici mettons, mais moi j’pars là. Faque j’ai les mêmes variations de stress que vous, c’est juste que mon stress part plus haut, c’est juste décalé, mais les pilules me ramènent pis contrôlent les hauts pis les bas. » Certaines personnes choisissent de prendre des médicaments, d’autres préfèrent ne pas en prendre. Et l’un ou l’autre est tout à fait correct!

Amélie (nom fictif), me mentionne principalement ceci : « On pense qu’on est seul. Mais la réalité, c’est que si tu penses que t’es seul, y va en avoir au moins 5, 6, 7, 8, 9 autres qui sont aussi dans la même situation que toi. »

Trucs et astuces

Que ce soit des outils personnels ou de l’aide disponible à l’université, il y a plusieurs ressources qui sont là pour toi. J’ai donc voulu connaître les trucs que Camille, Kevin et Amélie ont développé pour passer au travers des moments plus difficile.

Pour Camille, c’est plutôt varié. Elle me parle des différentes mesures auxquelles il est possible d’avoir accès, comme le temps supplémentaire pour les examens : « Pour une fois, tu sais que t’as plus de temps, tu peux relaxer. Faque ton TAG embarque pas, c’qui t’aide à mieux te concentrer pis à focuser sur c’que t’as à faire. Pis tu peux prendre des pauses mentales, faque là ton cerveau peut faire « focus, focus, focus, oh, papillon! » pis après ça tu reviens. » Et surtout, que c’est correct d’avoir besoin de plus de temps. Que t’es pas « moins bon » pour autant. Mais elle me dit aussi que ses outils ne fonctionnent pas toujours. Même avec un organigramme, un code de couleur et des notes pour se souvenir d’où elle a mis telle ou telle chose, elle peut en oublier. Et que le premier réflexe qu’elle a appris, c’est de se trouver des gens qui pourront l’aider, par exemple, quand elle n’est plus concentrée en cours.

On te parle souvent de procrastination et de motivation sur le blogue. C’est aussi ce dont me parle Kevin quand je lui demande quels sont ses « trucs et astuces » : « Faut vraiment j’me motive, j’me donne des récompenses mettons ‘ tu fais ça, t’as l’droit à telle affaire’. Tsé j’comme ‘ ben là t’as un examen qui arrive dans une semaine, ben chaque soir tu fais un chapitre.’ » Sa technique? Diviser la montagne en petites piles, pour que ça paraisse moins intense et que ce soit moins difficile à affronter, ou moins décourageant. Et il m’explique que « l’inconnu connu fait moins peur que juste l’inconnu complet. » En gros, ça peut être aidant d’avoir des limites, ou une idée générale de la chose, sans avoir besoin d’un « chemin tracé tout au complet ». Et que « c’est pas une honte aller chercher de l’aide. J’pense que les gens ont beaucoup l’image que t’es couché sur le divan pis tu pleures, [mais] c’est une vieille image. En vrai, ça aide vraiment beaucoup, c’est un investissement qui [en] vaut la peine. »

Pour Amélie, c’est surtout de « [prendre] ça vraiment une journée à la fois, j’organise tout c’que j’ai besoin de faire. J’suis un bon exemple de quelqu’un qui pense qu’elle peut pas en faire assez parce qu’elle a un trouble de santé mentale, donc elle en fait 15 fois plus. » Mais elle ajoute que c’est vraiment différent pour tout le monde. Ça vaut la peine de tester différents outils, d’aller voir différentes ressources pour trouver quelque chose qui fonctionne pour soi-même.

Tatouage point-virgule sur le poignet | Les Roger - Le blogue des étudiants de l'UdeM

Stigmatisation

On a beau parler de plus en plus de la santé mentale, il y a encore beaucoup de stigmatisation autour des différentes problématiques qui y sont liées. Et c’est souvent parce qu’il y a beaucoup d’incompréhension, malgré la discussion de plus en plus présente sur le sujet.

Camille me parle de ce sentiment de « qu’est-ce que les autres vont penser, y a comme une stigmatisation par rapport à ça, que j’ai l’air paresseuse et que j’fais rien. » Elle m’explique que, dans les travaux d’équipe, les gens ne voulaient pas se mettre avec elle, par crainte qu’elle « file » pas une journée, ou qu’elle ne soit pas en mesure de se concentrer, etc. et que ça finissait par devenir lourd. Et il y a le fameux « H » du TDAH, que tous n’ont pas nécessairement. Elle l’a, et les gens lui demandent « ben pourquoi t’es pas hyperactive? ». C’est que ce n’est pas tout à fait de l’hyperactivité, plutôt de l’impulsivité, ce qu’elle a trouvé difficile à expliquer. Elle me dit : « J’suis très impulsive dans mes décisions en classe, qui m’affecte aussi. C’est pas tant un si gros problème que ça, c’est juste inconfortable… C’est un inconfort constant. »

Du côté d’Amélie, la question de la stigmatisation est son plus gros constat par rapport à la santé mentale et aux diagnostiques de troubles de santé mentale : « Je dis ça en tant que quelqu’un qui vit avec de l’anxiété, mais aussi quelqu’un qui voit à tous les jours avec les étudiants que, même si y a beaucoup d’amélioration, il existe quand même une stigmatisation. » Ce sont beaucoup des non-dits, un peu comme une sorte de pression sociale intériorisée. Elle m’explique que les gens peuvent avoir cette sorte de peur d’en parler, voire d’aller chercher de l’aide. Et pas seulement le fait de consulter un professionnel : « [Avoir] des accommodements avec leurs examens aussi, parce qu’y disent ‘oh non’. Et ça c’est quelque chose que j’entends beaucoup dans mon programme : ‘j’veux pas aller chercher des accommodements parce que j’veux être normal’. »

Un esprit sain (dans un corps sain)! | Les Roger - Le blogue des étudiants de l'UdeM

Mot de la fin

Ces trois étudiants ont partagé leurs réalités avec toi, la manière dont ils vivent leurs difficultés à l’université, leurs trucs et leurs conseils. Tu t’es peut-être reconnu à travers ces témoignages. Saches qu’il y a tout plein de ressources à l’université qui peuvent t’être utiles. Il y a des psychologues au Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP), que tu peux rencontrer pour un suivi ou quelques rencontres, à un prix beaucoup moins élevé qu’ailleurs. Ils font également des ateliers de groupe et offrent une trousse de secours. Le soutien à l’apprentissage du Centre étudiant de soutien à la réussite (CÉSAR) offre également ateliers et trousse de survie. Il y a aussi le soutien aux étudiants en situation de handicap (SESH), qui est l’instance vers qui tu dois te tourner pour les mesures d’accommodements. Enfin, il existe le programme Écoute référence, qui, comme son nom l’indique, est un programme de pairs-aidants présents pour te soutenir et t’aider. Et si tu ne t’es pas reconnu, ou que tu ne vis pas personnellement une situation semblable, je t’encourage à participer au dialogue sur la santé mentale et à participer à la déstigmatisation des problématiques de santé mentale.

N’oublie pas : c’est important de prendre soin de sa santé, tant physique que mentale!

Une tranche de vie

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