Couple et études…regards de la montagne

L’amour. C’est peut-être le sujet le plus vaste et le plus ancien qu’on connaisse. Mais à l’université, comment concilier vie amoureuse avec tout le reste ? Les Roger ont consulté quelques étudiant.es pour connaître leur vision des choses.

Vie étudiante ou vie amoureuse ?

Alexandra (nom fictif) se définit comme étant en couple, et avec ses études à temps plein (parfois 18 crédits par session), ça la tient pas mal occupée. Le défi repose surtout sur l’éloignement physique de leurs lieux d’études et sur la complexité de leur emploi du temps respectif. Ce n’est pas toujours facile de trouver un « trou » en commun, mais ils y arrivent. Ce qui est dommage, c’est que ce n’est ni juste à cause de lui, ni juste à cause d’elle, mais bien une combinaison d’horaires compliqués. « Le mieux est de faire ensemble une chose que de toute façon on doit faire, comme souper, voire étudier! » Et c’est quoi l’amour ? « Oh God…De la tendresse, être là pour l’autre, partager des valeurs… je sais pas plus que ça, je me suis jamais posé cette question! »

L’important, pour Étienne (nom fictif), « dépend de ce que tu es prêt.e à faire. D’abord, tu dois être en paix avec ta relation précédente. […] Si tu veux être en couple à nouveau, faut prendre soin de ne pas s’oublier là-dedans. Moi, personnellement, c’était mon point faible. Le couple ne devrait pas effacer tes objectifs, tes buts dans la vie. » À son entrée à l’université, sa vision de l’amour n’était pas vraiment incroyable, c’est pourquoi Étienne n’était pas vraiment « dans le mood » de se trouver une blonde. « J’ai de la misère à consolider mes obligations [amoureuses] et ce que j’aimerais faire. J’ai de la misère à me discipliner, à concilier ce que je dois faire et ce que j’ai envie de faire. Des fois donc ça porte problème. »

C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles Caroline (nom fictif) a refusé bien longtemps d’être en couple. « C’est rare que je reste très longtemps au même endroit, et définitivement c’est sûr que ça peut venir affecter mes relations. » Pourquoi ne pas s’engager ? D’un côté, la liberté, la jeunesse, ses envies de découvrir. « Personnellement, j’avais tendance à voir le couple comme quelque chose de très limitatif. Que ce soit sur le plan amoureux, mais aussi quant au temps : ça demande du temps une relation! Il faut s’y investir, et j’étais pas prête à faire ce choix-là dans ma vie. » D’un autre côté, aussi, une relation exige d’accepter d’être vulnérable, de s’ouvrir, de montrer à l’autre qui on est complètement et réellement (bons et surtout moins bons côtés), ce qui, pour Caroline, n’était pas chose facile dès le début. « On vit dans un monde où on doit toujours avoir l’air bien, tout va toujours pour le mieux. Moi je suis une jeune femme, je vais à l’uni, j’ai plein d’amies…C’est comme si on devait se sentir mal d’aller moins bien, et c’est pas très bien vu justement en société de montrer nos émotions négatives, qui néanmoins sont tout à fait normales! » Pour bâtir une relation solide, que ce soit un couple ou une amitié, il faut accepter d’être vulnérable et d’être vrai.e.

Mathilde (nom fictif) est impliquée au PADUM (pairs aidants en droit de l’Université de Montréal), et son cheval de bataille se positionne surtout contre les relations abusives qu’elle a connues. « C’est un stress “extrascolaire”, mais ça peut quand même venir te stresser et jouer sur tes notes, ton étude. […] Après avoir vécu tout ce que j’ai vécu jusqu’à présent, tant mieux si je n’ai pas apporté ce fardeau [ma relation malsaine] avec moi à la faculté. »

Antoine (nom fictif) a lui aussi connu une relation déplaisante. Il trouve la dynamique qu’il a vécue presque intéressante objectivement, mais pas agréable à vivre. « J’ai été en couple caché pendant une session complète. La fille voulait pas que ses ami.es sachent qu’on était en couple. De un parce qu’elle avait peur de son ex, de deux parce qu’elle est un peu étrange…je regrette pas cette relation ; je l’aimais, mais au bout de la ligne, je me suis fait un peu niaiser. Ça a fini avec elle qui devenait moins intéressée et qui ne me parlait plus. On n’a jamais vraiment cassé en fait. […] Elle m’a peut-être trompé, ou même sorti avec un autre gars en même temps. Et elle disait à ses ami.es qu’on était juste fuck friends, mais on se disait qu’on s’aimait, on skypait. Pour moi on n’était pas juste fuck friends, mais vu que c’était pas annoncé, elle l’a peut-être pas vu comme un couple. […] C’est une relation bien funky celle-là. Je peux pas compter ça comme un couple parce que tout était caché. C’était pas la dynamique normale d’un couple […] Il y avait quelque chose de malsain là-dedans. »

« L’université brise les couples » ?

À son arrivée au baccalauréat en droit, Mathilde sortait du cégep, mais aussi d’une relation qu’elle juge maintenant malsaine. C’était comme un nouveau départ. « Entre deux relations, c’est normal d’avoir un moment où tu te cherches, où tu es en perte de repères. […] En arrivant à la faculté de droit, j’avais besoin de quelqu’un qui me dise : « c’est normal que t’aies pas encore ta vie amoureuse toute fixée, que t’aies pas encore trouvé LE gars avec qui tu vas passer toute ta vie », et c’est pour ça que je me suis impliquée ». Avant sa relation actuelle, elle a donc pris un temps pour s’arrêter et réfléchir, a fait des rencontres, des nouvelles amitiés.

Trouver la personne idéale, c’est d’ailleurs une question que s’est posée Antoine. Il a d’abord passé deux années universitaires « célibataire et ouvert à la vie ». Il a passé ensuite plus d’un an en couple affiché avec une fille, mais il ne sentait pas que ça irait plus loin. « Ça a toujours été bien, mais je ne sentais pas ce sentiment d’amour, je n’arrivais pas à m’épanouir dans la relation ».

Aux pessimistes qui croient que l’université brise les couples, Mathilde rétorque : « Non! Ça dépend vraiment de la confiance dans ta relation. […] Moi, j’ai cette impression-là [que ma rupture a coïncidé avec la fin de mon cégep], mais c’est une belle coïncidence. […] L’université c’est peut-être une nouvelle ère. J’ai l’impression que oui, plusieurs personnes mettent fin à leur couple en entrant à l’université, parce qu’elles se disent que c’est « la vraie vie » l’université, dans l’espoir de rencontrer LA bonne personne, mais je pense que chaque relation est différente, et qu’il faut juste s’adapter. »

Bref, si l’université brise des couples, elle en crée aussi. Ça tient presque du sophisme, alors autant dire que la vie brise et forme les couples! Ce constat fait plutôt consensus auprès des étudiant.es interrogé.es : c’est difficile de dresser un portrait global de la vie en couple, de prédire les points forts et les points de chute, parce que chaque relation est unique.

Parce que chaque couple est différent

Et le couple, c’est quoi? Pour Caroline, une maudite bonne question. « J’ai pas vraiment été en couple, mais j’ai beaucoup daté. Et mon Dieu qu’y’a pas une personne qui voit les relations de la même façon! Moi je suis actuellement dans un couple ouvert, donc c’est nous qui créons les règles. La monogamie, c’est théoriquement des critères et des standards bien définis, mais, au final, tout le monde voit ça différemment. L’important, c’est que toutes les personnes impliquées se sentent bien, et ça passe par la communication. »

Étienne, récemment célibataire, s’est beaucoup questionné sur l’amour et les relations en général. D’abord, même si la définition de « couple » change beaucoup avec le temps, aujourd’hui, on pourrait affirmer que le couple c’est « un entendement entre deux personnes d’avoir une vie commune dans leurs temps libres…genre. Ça peut être plus que deux personnes, ça dépend de ce qu’elles recherchent. Ce qui est important, c’est que les personnes soient d’accord d’être en couple. Il n’y a pas de règle universelle ; c’est sûr que le principe de « couple » reste le même, que les relations puissent se ressembler, mais les « conditions d’utilisation » ne sont pas les mêmes. ».

Un couple doit-il être affiché? « Bonne question, dit Antoine, qui a vécu un couple caché. Je dirais que ça dépend des raisons pour lesquelles tu te caches. Dans mon cas, moi je voulais m’afficher, mais pas elle. Il y avait pas de consentement à deux, et selon moi un couple ça demande une décision à deux personnes. Faut pas toujours être d’accord, mais au moins si les deux sont sur la même longueur d’onde. Si les deux sont d’accord pour ne pas s’afficher, pourquoi pas? S’ils s’aiment et que c’est réciproque! »

Maintenant, à 23 ans, Caroline a un « chum », ce qu’elle trouve plutôt étrange, puisque c’est son premier vrai. « Je n’ai jamais été dans une relation où on a formulé, clarifié, officialisé la notion de “en couple”. Maintenant, on se dit comme un couple, et ça fait vraiment pas longtemps et ça me fait presque freaker. Je suis quelqu’un qui a peur de s’engager : je suis très passionnée et intense dans mes relations, donc j’ai de la difficulté à avoir des relations stables à long terme. » Pour elle et son chum, le mieux, ici et maintenant, c’est une relation qu’ils appellent ouverte. « C’est le fun! J’ai l’impression que ça va nous permettre de créer une relation propre à nous-même, qui est unique, qui nous convient à 100 %. Et si un jour ce qui nous convient à 100 % c’est la monogamie, et bien on deviendra un couple monogame. Mais en ce moment on est un couple ouvert, et ça veut pas dire que j’aime moins la personne ou que j’y suis moins attachée ».

Et c’est quoi un couple ouvert ? « Je connais pas LA définition. Mais, pour nous, ce qu’on a décidé, c’est que ça allait être un couple où (et vu que c’est très récent on n’a rien établi encore) les deux on s’investit dans cette relation, mais où c’est possible d’avoir d’autres relations aussi ». Tout reste à déterminer, et c’est bien ce qui plaît à Caroline : on crée ce qu’on veut, on s’entend sur ce qu’on veut. C’est comme un contrat que tu crées de toute pièce : bien plus plaisant que se faire imposer une politique de confidentialité sur Facebook!

La communication

La communication, c’est ce qui permet de dire ce avec quoi on est moins confortable, ce que l’on accepte ou pas, ce que sont nos limites, etc. Et attention : le degré d’exclusivité du couple n’équivaut pas au degré d’amour ni d’engagement! Et ce n’est pas non plus nécessairement parce qu’on est un couple monogame exclusif que c’est plus facile, bien au contraire. Justement, Alexandra admet que la communication dans son couple n’est pas la meilleure, notamment à cause d’elle-même. Le plus ironique, c’est que les deux en sont conscient.es, mais c’est toujours plus facile à dire qu’à faire. « On est capable d’identifier le problème, mais pas toujours de le régler ». « Dans un couple non exclusif, dit Caroline, ça t’oblige à avoir cet effort de communication, à dire quels sont tes limites et besoins, alors que tu ne l’aurais pas fait dans un couple exclusif parce que tu assumes que l’autre le sait. […] Le danger, c’est juste d’assumer ce que l’autre sait, surtout quand le sujet est délicat. »

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