Guide pour une arrivée réussie au Québec

Je n’ai pas la prétention dans ces lignes de dessiner un réel portrait de ma région, ni même d’esquisser une liste exhaustive de ce qui fait d’un individu un réel « Québécois ». Toutefois, essayons de dresser quelques incontournables afin de n’être pas trop dépaysés.

Bien se préparer au Québec n’est pas plus compliqué que de partir dans n’importe quel autre pays ou région du monde. Arriver dans une nouvelle culture demande toujours une belle dose d’information, et ce n’est certainement pas Wikipédia qui sera la mieux placée pour cela. J’ajouterais même que se fier à un quelconque article de blogue (heumheum) n’est pas plus garanti, et, parfois, même parler à un authentique local ne vous préparera pas au pire.

En bref, bien se préparer au Québec, c’est au moins avoir quelques attentes, savoir quelques mots, quelques références, mais, entre vous et moi, vous ne serez bien préparés au Québec qu’après y avoir passé quelque temps…

Article 1 : Langue

Le Québec se veut a priori une province francophone. Toutefois, dépendamment du lieu où vous débarquez, ne soyez pas surpris si vos oreilles frisent, ou même ne comprennent rien. Plusieurs toponymes seront de langue autochtone, parfois de l’anglais francisé, parfois de l’ancien français (les plus fiers Québécois vous diront qu’il s’agit de l’authentique français parlé à la cour de François 1er).

À Montréal, vous entendrez tour à tour de l’anglais, du mandarin, du bengali, de l’hindou, de l’espagnol, du portugais, de l’italien, un peu d’allemand, certainement du russe, du yiddish, du serbe, du hongrois, du grec et plus encore. Enfin, vous pourrez même entendre du « français de France », comme on dit ici, si vous vous promenez dans le fameux Plateau-Mont-Royal, ou encore plus si vous étudiez en « science-po ».

Article 2 : Sports et loisirs

Évidemment, si notre sport national est le hockey, ne soyez pas surpris que, une fois le gel établi, les patinoires poussent dans tous les parcs des environs. Libre à vous de vous essayer, de tomber, de vous relever et d’apprécier les joies du patin ! Si vous avez du budget, faites un tour par nos [petites] montagnes pour y skier. L’hiver, le sport devient pour les Québécois une façon de se réchauffer, de rester actif, de socialiser et d’oublier les ennuis que cause le froid hivernal. Sincèrement, un hiver réussi est un hiver que l’on passe dehors, à faire des bonshommes et des anges de neige, à glisser, à skier, à patiner et, surtout, à rentrer les pieds gelés juste à temps pour… un chocolat chaud !

Bien entendu, qui dit sport dit loisir, et qui dit loisir dit parfois alcool (surtout à l’université). Les Québécois sont de fins amateurs et producteurs de bières, mais ils savent apprécier le reste, quoiqu’en le regardant parfois de haut. Les bars sont pour nous un lieu de rencontre, mais aussi de danse et de karaoké.

Article 3 : Musique et littérature

Il vous faudra absolument connaître quelques classiques des Colocs, des Cowboys fringants et de Félix Leclerc. Si les paroles peuvent vous sembler insolites ou incompréhensibles, je vous conseille de les lire attentivement ; vous y trouverez davantage de références que dans cet article ! Enfin, il va sans dire que si vous réussissez à écouter, à comprendre et à rire en entendant François Pérusse [version québécoise], je vous considérerai comme un de mes compatriotes.

Si vous aimez lire, le Québec vous plaira! Il existe de nombreux auteurs digne de mentionner, tel Michel Tremblay ou Dany Laferriere (aussi Haïtien) ou Patrick Sénécal. Si l’on découvre bien une culture en y vivant, m’est avis qu’on ne peut réellement la comprendre qu’en la lisant.

Article 4 : Tabous

Plus important encore que savoir quoi faire, il convient de savoir quoi ne pas faire (et quoi ne pas dire non plus). Au Québec, ne prononcez jamais, au grand jamais, le mot « référendum », même si vous parlez d’une consultation populaire par rapport à un enjeu fortuit et n’ayant aucune réelle incidence politique. Dites plutôt « plébiscite ». Sachez aussi que les Québécois ressentent un malaise à parler d’argent. Salaires, bourses, crédit ; on n’aime pas dire qu’on est pauvres, on n’aime pas dire qu’on est riches. « Wow ! Combien pour ton nouveau pantalon ? » « Oh, pas trop cher… » Bien sûr, on aime tous avoir de l’argent, mais sortir du lot n’est pas spécialement québécois. Mieux vaut rester sobre — en apparence.

Enfin, parler religion, les Québécois trouvent ça grossier. On ne sait jamais qui on va offenser, alors autant ne pas en parler. Du christianisme au bouddhisme en passant par l’islam, on ne veut pas savoir quelle religion une personne pratique (et on ne s’identifie pas beaucoup d’ailleurs par rapport à ça). On l’aime comme elle est, c’est tout.

En passant, vous aurez sûrement déjà entendu parler des fameux jurons québécois, les « sacres ». Sans les mentionner, parce que c’est grossier, prenez la peine de bien les identifier — tous n’ont pas le même impact. Ils ont simplement en commun la vaisselle liturgique et la frustration du locuteur. Eh oui, c’est à croire qu’à tabouiser certains domaines, on y devient grossier…

Note pour l’étudiant.e aguerri.e : quoiqu’il en soit, le meilleur moyen pour découvrir la nouvelle culture universitaire sera sans aucun doute lors de la semaine d’accueil et de ses nombreuses activités d’intégration. Planifie ton début d’année en force, tu n’auras plus rien à craindre ensuite!

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