Dans les coulisses de la création d’une fraternité

À l’UdeM, il existe 3 sororités et 2 fraternités reconnues et rassemblées sous une entité parapluie; l’Agora. Faire partie d’une frat’ peut être perçu comme un cliché d’amateur de séries américaines. Alexandre Billereau, étudiant de première année en communication et politique qui a décidé de créer sa fraternité, a accepté de démystifier cette facette de l’american dream et nous dévoile l’envers du décor. 

Les Roger : Il y a déjà des fraternités francophones à Montréal, pourquoi avoir décidé d’ouvrir la tienne ?

Alexandre : À l’origine, le projet était vraiment de garder contact après le lycée avec 17 de mes potes. On cherchait un moyen concret de ne pas se perdre de vue malgré nos départs sur différents campus. J’avoue que tout ça part d’une joke. Il y a 2 ou 3 ans on en rigolait et puis je me suis dit que ça pouvait aboutir sur quelque chose de réaliste.

LR : Tu parlais tantôt d’un projet novateur, quel est le concept ?

A : L’idée est de créer un grand réseau voire une entreprise. Je m’explique… En tant qu’étudiants, on ne peut pas se permettre de payer une main d’œuvre pour nos projets. L’avantage de la frat’ c’est que les membres se portent bénévoles. On cherche à s’investir pour avoir une expérience professionnelle. Les nouvelles recrues (dont on fait tous partie pour l’instant) paient ainsi leur adhésion. À long terme, les plus vieux membres auraient un vrai poste et accueilleraient de nouveaux bénévoles, qui gagneraient à leur tour une expérience quasi professionnelle vu qu’on se focalise sur l’entraide.

LR : Justement, comment comptez-vous stimuler de nouvelles adhésions ?

A : C’est un projet commun alors le profit obtenu selon les divers événements de la frat’ servirait à investir en soutien pour les initiatives de nos membres !

LR : Est-ce qu’il y a des prérequis pour en faire partie ?

A : On mise surtout sur les valeurs humaines, sociales… Ce n’est pas forcément l’excellence scolaire mais plutôt l’entreprenariat qui nous séduit, on veut voir la personnalité des membres et leur énergie pour lancer leurs projets. Avec les 17 autres « membres fondateurs », on tient particulièrement à la devise « quand on veut, on peut ». On souhaite répandre l’idée qu’en tant que jeunes, on devrait se permettre de croire en nos projets et de les mener à bien. Pour ça, c’est vraiment cool d’être entourés par d’autres personnes qui y croient et nous soutiennent.

LR : L’esprit Eta Psi Delta, en quelques mots ?

A : Le respect des autres et l’ambition. Le but n’est clairement pas de faire la fête comme on le voit dans les séries américaines. Bien sûr, nos party ne seront pas à manquer, ça reste un moyen de réseauter, rencontrer des nouveaux gens.

LR : D’où vient ce nom d’ailleurs ?

A : Oulah… C’est un secret que seuls les membres partagent ! C’est aussi ça le charme de faire partie d’une frat’ !

LR : Alors ça y est, vous êtes officiellement reconnus en tant que frat’ montréalaise ?

A : Oui ! La grosse étape maintenant va être de se structurer à l’interne, on travaille sur notre page Facebook, nos logos sont prêts. On s’est tous pas mal investis pour trouver celui qui nous représenterait le mieux, qui serait reconnaissable aussi. On conçoit également les « procédures » de recrutement parce que de nouveaux membres seront attendus à la rentrée d’automne prochain. On est déjà 18, c’est un bon début pour se lancer dans la création d’events

LR : Justement, quels sont les événements déjà prévus ?

A : Alors ça c’est encore secret ! Mais je peux vous dire qu’on a déjà des pistes pour s’étendre à Genève ou Paris.

LR : Comment intégrer votre frat’, ça marche uniquement par bouche à oreille ?

A : Oui. D’ailleurs, on avait envie de s’inscrire à l’Agora qui regroupe les autres sororités et fraternités. Ce qui  nous permettrait d’avoir un peu de visibilité. Ça peut être super intéressant pour prendre des décisions ensemble, entre nos différentes communautés. C’est nice parce que l’on peut acquérir l’expérience des autres membres. Je vous conseille de jeter un œil à leur page, ils éclairent bien sur le concept de communauté qui n’est pas qu’un amas de clichés !

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LR : Parle-nous de votre vision de concevoir et d’éviter ces clichés.

A : Eta Psi Delta s’inspire bien plus du modèle francophone, on est loin de Blue Mountain State. À Montréal, on remarque que les frat’ sont plus fréquentées par des expatriés, le but est réellement de rencontrer d’autres étudiants, de partager, d’intégrer le réseau des soro et frat’. Nous voulons même que ce lien dure jusqu’à nos entrées dans la vie professionnelle.

LR : Quels sont vos rapports avec les autres frat’ justement ?

A : Ils sont super cool avec nous, on est assez étonnés. C’est drôle parce qu’ils jouent un peu le rôle de grands frères, ils nous ont bien conseillés pour les démarches d’officialisation et on sait rapidement si ce qu’on fait est bien.

LR : À la suite des initiations, une campagne contre les abus divers et variés a fait polémique à l’UdeM notamment. Comment comptez-vous faire valoir des principes tel que « sans oui c’est non » ?

A : Honnêtement, ce sont des principes censés être intégrés par tous. Nous considérons que c’est à chacun d’être son libre-arbitre en soirée comme dans la vie de tous les jours. Bien sûr, aucun dérapage de ce genre ne peut être accepté au sein de notre communauté et encore moins encouragés. Puis on ne forcerait jamais personne à faire des challenges dégradants ou des trucs qu’il ne se sentirait pas capable de subir. D’ailleurs, c’est quelque chose qu’on rappellera à toutes les réunions parmi d’autres principes fondamentaux. Nos propres intégrations seront axées sur notre besoin de rire. Tous les membres jusqu’à présent sont des mecs chill donc il ne devrait pas y avoir de soucis de ce côté-là.

LR : Un mot pour encourager de potentiels membres?

A : Toujours dans cette volonté d’entraide, on s’exporte déjà en Europe comme dit avant. Alors si vous vous reconnaissez dans nos projets, songez au réseau que vous pourriez faire grandir ! Les services rendus sont réciproques, il n’y pas de hiérarchie.

LR : Un conseil pour quelqu’un qui voudrait créer sa communauté ?

A : Bon courage. C’est long, au début ce n’est pas facile. Il faut surtout trouver des personnes vraiment motivées. On a réussi à être officiels au bout de 6 mois car les premières étapes sont démotivantes. Maintenant ça commence à être plus fun, d’ici 3 mois on aura lancé nos premiers gros événements.

LR : En quelques mots, quelles sont les étapes ?

A : Il faut connaitre l’organisation chargée des associations dans l’université puis entrer en contact avec eux évidemment. Après il faut rédiger une charte et un procès-verbal qui seront vérifiés, c’est vraiment une étape de test parce qu’on nous demande de refaire les documents plusieurs fois avec des modifications différentes… Un peu pour voir quel est notre degré de motivation ! Je pense que c’est là que s’arrête la création d’autres frat’ parce qu’après plusieurs semaines, lorsque le projet est bloqué, ça peut vite inciter à l’abandon. Une fois officialisée, la fraternité est répertoriée sur le site de l’UdeM où il y a les liens pour nous contacter. Par contre, le fait d’être sur plusieurs campus ne doit pas être considéré comme un obstacle du tout !

LR : Petite breaking news pour Les Roger ?

A : Nos pulls arrivent et ils sont tellement cool !

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