« Mauvais » programme, nouveau départ

Penser avoir trouvé le programme idéal pour finalement réaliser que ce n’est pas pour nous. Parfois, c’est une bonne chose… c’est le chemin nécessaire. 

Je voulais devenir enseignante.

Quand j’étais enfant, toutes les semaines, je préparais des examens et je les faisais passer à mon frère…je voulais devenir enseignante. J’ai toujours aimé travailler avec des groupes, être en contact avec toutes sortes de personnes et répondre aux besoins et aux questions des autres. Motivée et déterminée, je me suis inscrite au baccalauréat de « Littératures et langue française » à l’Université de Montréal dans le but d’enseigner la littérature québécoise au niveau collégial. J’avais hâte de débuter ce nouveau voyage et d’être encore plus près de la ligne d’arrivée!

La première semaine s’est très bien déroulée et je savais que c’était le bon choix. À ma grande tristesse, tout a changé au cours des semaines suivantes. Ce n’était aucunement le cheminement que j’avais en tête. Ce qui me passionne, c’est la littérature québécoise (vous aussi, vous aimez Le fil rouge et Lis-moi ça?), mais la grande majorité du baccalauréat était axée sur la littérature française… on s’entend que lire Proust ou Racine ce n’est aucunement palpitant. De jour en jour, je ne me sentais plus à ma place. Tout le travail était fait de façon solitaire, chacun avait son nez dans son bouquin et dans ses analyses de phrases parce qu’analyser la virgule que Jean Lafontaine a décidé de mettre à telle ou telle place allait faire de moi une meilleure personne dans ce monde. Quand je dis Lafontaine ne faites pas allusion aux petites fables qu’on apprenait dans de beaux livres avec des illustrations au primaire…NON. C’est une grosse brique écrite en caractère 2.

Je me sentais seule.

Les périodes d’examens étaient un vrai cauchemar, je n’aimais pas aller aux cours et encore moins faire les lectures des romans imposés. En fait, je détestais l’université. J’espérais que ce sentiment allait passer puis éventuellement s’estomper…je me suis donc inscrite à une deuxième session. Mauvaise idée, cette impression ne faisait qu’accroître de jour en jour…je sentais l’odeur de la catastrophe. Je me posais toutes sortes de questions par rapport à mon cheminement et à mon avenir j’étais confuse, hésitante, jusqu’au jour où, pour la première fois, je ne suis pas allée au cours par manque de motivation. Vous allez me dire que c’est normal de manquer des cours, mais pas pour moi. C’est alors que mon monde a basculé. Je ne me reconnaissais plus. Je n’avais jamais manqué de cours auparavant, cette action m’a fait beaucoup réfléchir. J’avais juste trop envie de quitter le programme et de me débarrasser de toute cette angoisse, mais il y avait plusieurs inquiétudes qui me tourmentaient ne me permettant pas de le faire.

L'odeur du café de Dany Laferrière
L'odeur du café de Dany Laferrière

J’avais plein de peurs.

Tout le monde autour de moi savait ce que je voulais faire depuis des années. J’avais des bonnes notes, des mentions et des méritas, mes professeurs étaient tous au courant de mon ambition et m’encourageaient sans cesse au cours des années passées. J’avais cette image d’élève modèle que je ne pouvais pas gâcher. C’était comme ça que tout le monde me connaissait. C’est comme si c’était cela qui définissait Marie-Noël. Je me demandais comment les gens de mon entourage allaient percevoir ce changement décisif, s’ils allaient réellement me croire et me supporter. J’avais surtout très peur d’être perçue comme une lâche. Je m’inquiétais à propos de mon avenir. J’avais aussi très peur du néant. Je ne savais plus ce que j’aimais et ce que je n’aimais pas. Je me suis même demandé si les études supérieures étaient faites pour moi ou pas.

« C’était comme ça que tout le monde me connaissait. C’est comme si c’était cela qui définissait Marie-Noël. Je me demandais comment les gens de mon entourage allaient percevoir ce changement décisif, s’ils allaient réellement me croire et me supporter. »

J’ai eu une crise existentielle…

Malgré toutes ces craintes, j’ai pris mon courage à deux mains et j’en ai parlé ouvertement à tous ceux qui comptent pour moi. Je commençais à trouver très difficile le fait de tout garder à l’intérieur, il fallait que j’extériorise. Dieu merci, mon copain, ma famille et mes amis m’ont soutenue et m’ont permis de tourner la page. C’était une crise existentielle marquante…merci à Georges de m’avoir écoutée et de m’avoir donné des séances de psychothérapie gratuitement. Je me suis débarrassée de toute cette énergie négative en interrompant ce diplôme. J’ai aussi pris une pause pendant la session, question de me concentrer sur ma propre personne. Je dois vous avouer que c’était cool de ne pas avoir d’alarme le matin et de pouvoir écouter toutes les émissions et les films que je voulais avec la conscience tranquille. C’était des vacances. La déconnexion de la routine.

…qui m’a amenée ailleurs.

Mais quand est venu le temps de revenir à la réalité, j’ai fait quelques recherches à propos des programmes. Je suis tombée sur le programme des sciences de la communication. Ayant besoin de réponses à toutes mes questions, j’ai consulté une conseillère en information scolaire et professionnelle. C’était en automne, puis je savais que je n’avais pas la possibilité de commencer ce baccalauréat en hiver étant donné qu’il n’était pas offert à ce moment-là. Mais, à ma grande surprise, exceptionnellement ce programme était ouvert en hiver pour un nombre limité d’étudiants. Était-ce un signe? Étais-je à la bonne place au bon moment? Dieu seul le sait! J’ai donc tout de suite rempli ma demande d’admission et me voilà maintenant en communication. Moi qui aime tant parler, j’ai enfin trouvé ma voie!

2 tranches de vie

  • Superbe article! Merci de partager ces faits, c’est bien de savoir que ce genre de situation peut nous arriver et que ce n’est aucunement mauvais, mais bien au contraire!

    • C’est un mal pour un bien et il est très important d’en parler! Merci t’es trop cute! ♥

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